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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 13:20

[Dernière mise à jour le 13/08/2024]

 

Article rédigé pour la revue des ingénieurs des Mines pour leur numéro "Spécial Tourisme" à paraître dans quelques semaines. NB : c'est une version bêta, pas le texte définitif.

 

 

Telligo et ses colonies de vacances à thèmes

 

 

Introduction

 

Formé en tant qu'ingénieur (X, Mines de Paris), j’ai débuté ma carrière de façon très traditionnelle en tant que jeune haut fonctionnaire : à 26 ans, j’étais à la tête de la division Nord-Pas-de-Calais de l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

Presque 15 ans plus tard, mon métier consiste à organiser des colonies de vacances ! Un parcours inattendu ? Ne devient-on pas plutôt animateur à 18 ans... avant de passer à des occupations plus « sérieuses » par la suite ?

Cependant, les colonies de vacances constituent un secteur d’activité à part entière, pesant près d’un milliard d’euros, traversant une profonde transformation, et dans lequel il est possible – tout comme dans de nombreux métiers « traditionnels » – d’introduire de véritables innovations, sources de croissance.

Destination Découverte, le groupe que j’ai fondé et que je dirige, organise chaque année les vacances de 30 000 enfants, générant un chiffre d’affaires consolidé d’environ 30M€. Telligo, notre principale filiale, a développé une offre originale et innovante, qui a soutenu son développement au cours des 10 dernières années, pour devenir – à la petite échelle de notre secteur – un acteur important sur le marché.

 

 

Les colonies de vacances en France

 

Chaque année, plus d’un million d’enfants participent à des accueils collectifs de mineurs (terme réglementaire pour les colonies de vacances). Parmi les 8-16 ans, plus d’un enfant sur dix part pour une durée moyenne de 12 jours, que ce soit en colonie de vacances en France (900 000 enfants), en séjour de découverte culturelle à l’étranger (40 000 jeunes), ou en séjour linguistique (120 000 jeunes). Après une longue période de déclin depuis les années 60, les chiffres se sont globalement stabilisés au cours des 10 dernières années.

Notre secteur génère un chiffre d’affaires d’environ un milliard d’euros (à titre de comparaison, les Français dépensent 30 milliards d’euros chaque année pour leurs vacances à l’étranger). Les organisateurs de colonies de vacances sont soumis au Code du Tourisme, ce qui fait de moi, juridiquement parlant, un agent de voyage. Destination Découverte est membre du CETO, l’association des Tour Opérateurs français. Cependant, bien que nous fassions partie du secteur du tourisme, nous opérons dans un segment très spécifique, une véritable niche avec ses propres particularités :

Le segment est extrêmement fragmenté : en 2004 (dernière année pour laquelle le Ministère de la Jeunesse a publié des statistiques !), il y avait près de 8 000 organisateurs pour 32 000 séjours. La concentration du secteur a débuté et la crise économique semble en accélérer le processus... mais il reste encore un long chemin à parcourir ! Il demeure largement associatif, avec la coexistence de véritables associations portées par des projets et des valeurs fortes (de nombreuses petites associations bénévoles, diverses fédérations de scoutisme, etc.), d’autres associations dont les produits et méthodes commerciales ressemblent beaucoup à ceux d’entreprises (comme l’UCPA, dont la branche dédiée aux mineurs non accompagnés est devenue en quelques années un acteur de premier plan dans le secteur), et des PME qui assument pleinement leur orientation commerciale.

Ce qui nous distingue le plus du marché général du tourisme, c’est le cœur même de notre métier : contrairement à mes collègues du secteur adulte, je ne vends pas principalement du transport et de l’hôtellerie. Dans mon domaine, ces services sont secondaires par rapport à une prestation bien plus importante : la prise en charge de votre enfant.

Mon activité principale consiste à recruter, former, et encadrer 400 directeurs et 3 500 animateurs qui s’occupent chaque année de 30 000 enfants :

  • Pour les plus jeunes, il s'agit de gérer la vie quotidienne et les rythmes de vie, d'organiser la toilette et le brossage des dents, mais surtout d'accompagner cette grande expérience d’être loin de sa famille pour la première fois.
  • Pour les 8-12 ans, il s’agit de proposer des activités ludiques et éducatives, d’organiser de grands jeux, d’animer des veillées mémorables, tout en posant un cadre sécurisant.
  • Avec les adolescents, il est essentiel de trouver le juste équilibre, de savoir motiver et encourager, de les aider à mener à bien leurs idées et projets, tout en restant présent en cas de besoin.

Le législateur a bien compris les particularités de notre métier en créant une réglementation spécifique aux accueils collectifs de mineurs, distincte du Code du Tourisme, et qui s’applique en complément de celui-ci. Elle prévoit notamment un taux d’encadrement minimum, des qualifications pour les directeurs et animateurs des séjours, des certifications et diplômes d’État pour les activités sportives à risque, des modalités de suivi sanitaire des jeunes, ainsi qu’une habilitation des lieux d’accueil, etc. Il est à noter que les accidents sont significativement moins fréquents en accueil collectif de mineurs que dans le cadre familial, sans doute grâce à ce cadre réglementaire.

Les acteurs du secteur adulte ont également bien saisi la spécificité de notre activité. Certes, de nombreux villages vacances proposent des clubs enfants, ce qui est une prestation pratique pour les parents et souvent de grande qualité... mais cela reste très différent de mon métier, car vous récupérez vos enfants tous les soirs, voire à midi et le soir. À ma connaissance, aucun acteur du tourisme adulte n’est présent, ni directement avec sa marque, ni même indirectement par une participation, dans notre segment.

 

 

Les colonies de vacances à l’étranger

 

Chaque année, environ 40 000 jeunes Français partent à l'étranger pour découvrir le monde (soit un total de 160 000 jeunes en incluant ceux qui participent à des séjours linguistiques).

Maintenant, penchons-nous sur les jeunes Européens [1] qui partent en colonie de vacances, que ce soit dans leur propre pays ou à l’étranger. Telligo a réalisé des études de marché en Europe, suivies d’un test commercial dans quatre pays : Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne. Nous avons dépassé le stade du test en établissant une véritable (bien que modeste) présence sur le marché allemand pendant trois ans.

Cependant, nous avons finalement décidé d’abandonner ce projet : le marché européen en dehors de la France est très restreint (un million de jeunes Français partent en colonie de vacances chaque année, soit environ 3 à 4 fois notre estimation pour l’ensemble des quatre pays testés). Les tests commerciaux ont été très décevants, à l'exception de l'Allemagne, qui paraissait prometteuse. Dans ce pays, la fidélisation des clients s’est révélée insuffisante pour soutenir la croissance, comme si nos clients – bien que très satisfaits – se contentaient d’un seul séjour.

Je suis convaincu que la France et les États-Unis partagent deux critères-clés pour le développement durable de notre secteur d’activité : une natalité relativement élevée et un besoin important de garde d’enfants pendant les vacances d’été (9 semaines de vacances pour les enfants en France contre 6 en Allemagne ; des vacances très courtes pour les parents aux États-Unis).

 

 

Telligo et l’émergence des colonies à thème

 

Parmi les milliers d’organisateurs français de colonies de vacances, j’ai fondé et dirige la société Telligo, qui accueille chaque année 15 000 enfants, principalement dans le cadre de colonies de vacances à thème.

Tout a commencé à la fin de 1993 : jeunes étudiants des grandes écoles, nous souhaitions partager notre passion pour les sciences avec des plus jeunes. Le thème de notre premier séjour était l’astrophysique (le Big Bang, la vie et la mort des étoiles, la relativité…) et Telligo s’appelait alors ‘Altaïr’, en référence à l'une des étoiles les plus brillantes du ciel d’été et à la dernière mission spatiale avec un Français à son bord.

Notre enthousiasme juvénile rivalisait avec notre inexpérience : nous ne pensions pas devoir annuler tous nos premiers séjours faute de participants, ni devoir surmonter tant d’obstacles administratifs. Rétrospectivement, qui aurait cru que Telligo existerait encore vingt ans plus tard et accueillerait des milliers de jeunes ?

Cette belle aventure a débuté grâce à un heureux hasard : lors de notre premier séjour (qui rassemblait 9 jeunes et les 2 fondateurs), nous n’avions pas le budget pour embaucher les animateurs BAFA initialement prévus. Nous avons donc assumé les rôles de « spécialistes » scientifiques et d’animateurs de la vie quotidienne. Sans le savoir, nous avons créé la formule qui reste, aujourd’hui encore, au cœur de notre valeur ajoutée :

  • Un thème fort qui attire des enfants passionnés,
  • Des animateurs eux-mêmes experts, désireux de transmettre leur passion,
  • … et donc une véritable « rencontre » entre jeunes et adultes durant le séjour.

Les années suivantes, en conservant cette alchimie, nous nous sommes développés et avons élargi les thèmes abordés, passant de l’astrophysique aux sciences et techniques en général, puis des sciences à d’autres passions des enfants : séjours sur les animaux, la nature, l’histoire, séjours artistiques…

Fin 2000, j’ai quitté l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour devenir chef d’entreprise à plein temps, transformant Altaïr en PME. La communication est devenue progressivement plus professionnelle, l’équipe permanente s’est structurée, et nous avons investi (à notre échelle) pour nous faire connaître : le chiffre d’affaires a alors commencé à croître rapidement, passant de 250 000 € en 2000 à 3 M€ en 2003.

Le développement s’est poursuivi à un rythme soutenu, puisqu’entre 2003 et 2007, le chiffre d’affaires a été multiplié par cinq pour atteindre 15 M€ [2]. Cette deuxième phase de croissance est en grande partie due à une innovation simple mais radicale, qui a transformé Telligo et contribué, dans une certaine mesure, au renouveau de notre secteur.

En 2003, tous nos séjours étaient multi-sciences et offraient, selon le lieu, un mélange d’ateliers scientifiques. Par exemple, un séjour pour les 11-14 ans proposait le choix suivant : Micro-fusées / La communication animale / Jeux mathématiques / Les volcans (chaque enfant choisissant deux ateliers). Les séjours incluaient souvent des visites de sites ou de musées à caractère scientifique.

L’atelier ‘Micro-fusées’ attirait principalement des garçons passionnés de physique et de technologie, tandis que l’atelier ‘La communication animale’ séduisait plutôt des filles passionnées par les animaux et la biologie.

En 2006, nous avons introduit des séjours entièrement thématiques. Par exemple, le séjour « Décollage immédiat » comprenait les micro-fusées, d’autres ateliers de physique et de technologie, ainsi qu’une visite à la Cité de l’Espace de Toulouse. De même, le séjour « Planète Sauvage » regroupait « La communication animale », d’autres ateliers sur les animaux, et une visite au parc animalier de Planète Sauvage.

Cette évolution a permis à Telligo de renforcer la cohérence de ses séjours [3], qui s’articulaient déjà autour d’ateliers thématiques. Désormais, le thème principal n’était plus simplement ‘les sciences en général’, mais ‘une discipline scientifique spécifique’.

Conséquence n°1 : en segmentant mieux nos offres, nous attirons des enfants et des adultes encore plus motivés, renforçant ainsi la connexion entre adultes et enfants autour du thème.

Mais surtout, conséquence n°2, ce modèle fonctionne au-delà de la niche spécifique des sciences, et progressivement, nous avons pu organiser des séjours thématiques autour des différentes passions des enfants.

Aujourd’hui, notre best-seller est « Mon ami Dauphin » : les enfants sont encadrés par des animateurs ayant une formation en biologie, voire par de véritables spécialistes de la vie marine, avec un véritable échange entre adultes et enfants sur les dauphins et le monde marin. On s’éloigne des sciences dures, mais le thème reste fort. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que les enfants de 8-12 ans rêvant de dauphins sont bien plus nombreux que ceux qui veulent résoudre des équations mathématiques !

Ce qui est le plus frappant, c’est de constater, une dizaine d’années plus tard, que Telligo a été largement imité par d’autres organisateurs, dont les séjours sont essentiellement multi-activités et ne reposent pas sur une véritable interaction adulte-enfant autour d’un thème spécifique. Quand j’étais enfant, partir en colonie signifiait « 2 semaines en Haute Savoie ». Le séjour, autant que je m’en souvienne, comprenait quelques activités sportives (sports collectifs, une sortie piscine, une initiation au tennis), des randonnées, la visite d’une fromagerie, etc. De tels séjours, sans véritable angle, sont aujourd’hui en voie de disparition. Les organisateurs de colonies de vacances proposent désormais des séjours similaires à ceux d’il y a 30 ans, mais avec un titre et un thème : cette thématisation souvent superficielle est devenue un précieux outil marketing pour les parents en quête de la colo idéale dans un marché hyper fragmenté et offrant une multitude de choix.

 

 

Conclusion

 

Entre 2008 et 2011, Telligo a non seulement maintenu une croissance organique solide, mais a également été très actif dans le domaine de la croissance externe grâce aux diverses acquisitions réalisées par sa maison mère, Destination Découverte. Ces acquisitions ont demandé un investissement considérable en termes d’énergie et de ressources, mais elles ont grandement enrichi notre offre, en particulier en ce qui concerne les séjours culturels à l’étranger et les stages sportifs. Cette diversification a permis à Telligo de s’implanter sur de nouveaux segments de marché, tout en continuant à répondre aux besoins variés des jeunes.

 

Cependant, au-delà de cette expansion, nous avons pris conscience de l’importance de revenir à ce qui fait l’essence même de Telligo : les colonies à thème. Depuis 18 mois, nous avons donc recentré nos efforts sur ce modèle qui a fait notre succès. Nous avons intensifié notre travail sur la qualité des séjours, en veillant à ce que chaque détail contribue à une expérience inoubliable pour les enfants. Cela passe par un recrutement encore plus sélectif d’animateurs, choisis non seulement pour leurs compétences, mais aussi pour leur passion et leur affinité avec les thèmes des séjours. De plus, nous avons renforcé la pertinence des contenus pédagogiques pour garantir que chaque séjour soit à la fois ludique, enrichissant et cohérent avec les attentes des jeunes participants.

 

Malgré un contexte économique difficile, l’année 2012 a été marquée par de belles réussites, confirmant la pertinence de notre stratégie. En revenant à nos fondamentaux tout en innovant constamment, nous avons su capter l’intérêt et la confiance de nouvelles générations de parents et d’enfants. Cette dynamique positive nous rend très optimistes pour 2013. Nous sommes convaincus que notre engagement envers la qualité et la thématisation, qui a toujours été notre force distinctive, continuera à porter ses fruits et à nous permettre de rester un acteur incontournable sur le marché des colonies de vacances.

 


[1] N’ayant pas fait de recherches approfondies hors d’Europe, je ne peux y être très précis. Il faut toutefois citer le cas des USA où 8 millions de jeunes Américains partiraient en colonie de vacances (« Summer Camp ») tous les ans.

[2] Accessoirement, la société va devenir rentable. Fin 2003, les pertes cumulées des premières années avaient conduit à une crise de trésorerie qui aurait pu sonner notre mort prématurée.

[3] Préalablement, cela nécessité d’avoir parfaitement compris et formalisé quelle est cette logique. Dit différemment, il nous a fallu comprendre que l’alchimie qui se crée autour du tryptique « thème fort – enfant enthousiaste – animateur passionné » était le facteur clé de succès de Telligo sur son marché. Il faut bien reconnaître que nous n’avons pas eu une approche si théorique et que c’est au fil des années et de la diversification que nous l’avons formalisé.

 

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 17:18

[ Dernière mise à jour le 13/08/2024 ]

 

Depuis trois ans, nous avons établi un partenariat étroit avec notre collègue Cousins (site web : cousins.travel), spécialisé dans les voyages et séjours pour jeunes à l’étranger, notamment dans les camps itinérants pour les 14-17 ans. Les destinations principales incluent les États-Unis, le Canada, la Thaïlande, l’Australie, ainsi que des destinations plus proches comme l’Italie et la Grèce.

 

À propos de Cousins Voyage, Telligo et Cousins Travel

 

Depuis que j’ai pris la direction de Cousins en septembre 2008, j’ai découvert une nouvelle dimension de notre métier, notamment la complexité technique liée à la gestion des aspects aériens, ainsi que le professionnalisme d’une équipe expérimentée dans l’organisation de séjours à 8000 km de Paris et le soutien des équipes d’animation, souvent avec un décalage horaire de douze heures.

 

Dans les semaines et mois à venir, j’aurai probablement l’opportunité de présenter sur ce blog notre organisation interne, nos coordinateurs locaux – actuellement basés à Miami, New-York, Bangkok et Las Vegas – mais pour l’instant, je souhaite aborder un autre sujet, qui concerne la préparation en amont des séjours :

 

Les difficultés liées à la situation politique ou sanitaire dans un pays.

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La politique de voyage de Cousins, ainsi que celle de Telligo, consiste bien entendu à éviter les zones à risque. Il existe un public adulte attiré par les déserts du Niger ou d’autres régions « chaudes », mais ce n’est pas notre orientation !

 

Malgré une grande vigilance dans le choix des destinations, nous avons cependant été confrontés à de nombreuses situations complexes : grippe H1N1 au Mexique, manifestations des chemises rouges en Thaïlande en 2009 puis 2010, marée noire en Floride, accident nucléaire de Fukushima, printemps arabe au début de l’année 2011… Le monde est en perpétuel mouvement, et ces événements ont indéniablement un impact sur les activités de Cousins.

 

À chaque crise, la question qui se pose est la même : comment gérer les séjours dans ces régions du globe ? Faut-il maintenir le programme initial ? Modifier l’itinéraire ? Annuler le séjour ? La politique de Cousins est constante et désormais bien établie pour faire face à ces situations.

 

1°/ La première étape consiste à évaluer la situation sur place.

Il serait tentant de se fier à nos contacts locaux, amis ou connaissances sur le terrain. Cependant, leurs perspectives pourraient être limitées, voire biaisées (les réceptifs locaux ont souvent tout intérêt à ce que nos groupes poursuivent leur voyage comme prévu). Nous privilégions donc les conseils du Quai d’Orsay, de son vaste réseau consulaire et de son site « Conseils aux voyageurs » pour obtenir des informations fiables et objectives.

 

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Ce site, mis à jour régulièrement, reflète la position des autorités françaises sur diverses destinations. Il y a deux termes-clés à comprendre :

 

« Vigilance » : Lorsque le Quai d’Orsay recommande une vigilance, ou une vigilance renforcée, pour certaines destinations, cela signifie qu’une attention accrue est nécessaire. Par exemple, pour le Royaume-Uni, la recommandation actuelle est : « Il est conseillé de faire preuve d’une vigilance accrue dans les transports publics et les sites touristiques très fréquentés. » En Espagne, le Quai d’Orsay conseille aux voyageurs de « faire preuve de la plus grande vigilance ».

 

« Déconseille » : Bien que le Quai d’Orsay ne puisse pas interdire aux Français de voyager, il peut seulement « déconseiller » certaines destinations. Actuellement (jeudi 21 juillet 2011), des pays comme l’Afghanistan sont « formellement déconseillés ». C’est également le cas pour une province du Guatemala, où la situation est trop instable, ainsi que pour la zone située à moins de 40 km de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon.

 

Notre politique consiste à maintenir les circuits lorsque les autorités recommandent seulement une vigilance, mais à éviter rigoureusement toute zone ou pays déconseillés. Comme la situation peut évoluer, le site du Quai d’Orsay est vérifié chaque mois par nos chargés d'affaires responsables des destinations.

 

2°/ Prendre la décision au moment opportun

Les recommandations du Quai d’Orsay peuvent changer avec le temps. Nous sommes donc parfois confrontés à un dilemme : devons-nous attendre un retour à la normale (ce qui pourrait nécessiter des modifications d'urgence des circuits) ou modifier immédiatement le programme (au risque de décevoir certains enfants qui préféraient le programme initial) ?

Il n’y a pas de réponse facile à ces questions, et nous apprenons un peu plus à chaque « crise ».

Par exemple, lors de l’épidémie de grippe H1N1 au Mexique, nous avons décidé assez rapidement d’annuler les séjours. Je ne suis pas certain que cette décision ait été la meilleure : la suite a révélé une vive polémique en France concernant les millions d'euros dépensés pour la vaccination ! En fait, à l’été 2009, cinq enfants de nos séjours – deux avec Cousins Travel et trois avec Telligo – ont contracté la grippe H1N1 en France et en Grèce, et ils n’ont pas souffert davantage qu’avec une grippe ordinaire.

L’année suivante, le 20 avril 2010, l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique a provoqué une marée noire. Fin mai, les autorités américaines ont indiqué que les Keys et le parc des Everglades – deux sites majeurs de nos séjours en Floride – pourraient être gravement affectés. Nous avons choisi de sensibiliser les équipes tout en maintenant le circuit ; il semble que cette décision ait été appropriée.

 

3°/ Communiquer efficacement avec les clients

Lorsque nous devons modifier tout ou une partie d’un circuit, nous avons une obligation légale d’informer les clients et d’obtenir leur accord.

Heureusement, les comités d’entreprise de nos clients nous aident considérablement en expliquant aux familles les raisons des changements et les détails de la situation.

Bien que nous enregistrions parfois quelques désinscriptions et remboursements, la grande majorité des jeunes choisit de nous faire confiance et de partir en vacances.

 

Deux anecdotes pour conclure :

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Début janvier 2011, il est rapidement devenu clair que notre séjour prévu en Tunisie pour février ne pourrait pas être maintenu. À ce moment-là, la révolution arabe était confinée à la Tunisie, tandis que le reste de la région restait relativement calme. Notre prestataire tunisien, bien informé sur la situation en Égypte, nous a alors suggéré de déplacer le séjour vers l'Égypte. Quelques semaines plus tard, l'Égypte serait elle-même secouée par une révolution qui renverserait le régime en place. Était-ce une intuition éclairée ou simplement un coup de chance ? Nous avons finalement opté pour le Maroc plutôt que la Tunisie ou l'Égypte, ce qui nous a permis d'éviter un second déplacement en urgence pour le séjour !

 

 

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Un autre séjour, en revanche, a subi deux changements de destination. Initialement prévu pour avril 2010 au Japon, il a dû être reporté en avril 2011 en raison de l'éruption du volcan islandais, qui avait provoqué l'immobilisation de tous les avions pendant cinq jours. Vous devinez la suite ? Le samedi 12 mars 2011, un accident nucléaire a eu lieu au Japon ! Face à cette situation, Cousins a dû réagir rapidement et a trouvé une solution de repli en urgence : les adolescents ont finalement terminé leur séjour, à des milliers de kilomètres de là, au Brésil !

 

Cédric Javault, 21 juillet 2011

Site web des organismes : cousins.travel et telligo.fr

Organismes de voyage Cousin (cousins travel) et Telligo
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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 15:41

C’est dès 1960 que les premiers textes réglementant les colonies de vacances sont nés en France. Depuis cette époque, le cadre réglementaire s’est densifié : le législateur et les gouvernements successifs ont toujours souhaité mieux encadrer notre activité et suivre le développement des pratiques.

 

Cédric Javault : accrobranche

Voici un exemple qui illustre l’évolution de la réglementation pour suivre celle des pratiques : l’accrobranche est une activité qui consiste à évoluer sur un parcours en hauteur entre les arbres, en étant sécurisé par des câbles et un baudrier. Cette pratique est née en 1989, puis s’est développée, notamment à partir des années 2000. Elle a fait l’objet d’une réglementation spécifique sous la forme d’un arrêté Jeunesse & Sports dès le 3 juin 2004.

 

D’autres exemples donnent malheureusement une impression plus troublante. Ainsi, quand j’ai passé le BAFD en 1995, nous n’étions obligés de déclarer un centre de vacances qu’à partir du moment où nous réunissions 12 enfants. Ce seuil est depuis descendu à 7, exactement le nombre d’enfants qui avaient péri dans le gîte équestre lors d’un tragique incendie vers l’année 2000. Beaucoup de jeunes animateurs ont eu alors l’impression que la nouvelle loi n’était qu’une conséquence de ce tragique accident, alors qu’elle comptait objectivement bien d’autres points.

 

Ces mêmes jeunes animateurs n’ont le plus souvent pas de culture juridique ; même si leur formation BAFA a notamment pour but de leur indiquer ce qu’ils ont le droit de faire et de ne pas faire, ils se perdent facilement dans les textes. Le rôle du directeur est notamment de rappeler régulièrement les règles et de veiller à leur respect.

 

Photo de piscine, par Cédric JavaultPour être plus concret, voici un exemple, celui de la baignade. La réglementation applicable est l’annexe III de l’arrêté du 22 juin 2003. Les règles qui suivent correspondent à des enfants âgés de 6 à 11 ans (elles diffèrent selon l’âge).

 

Si vous emmenez votre groupe à la piscine municipale, ou sur une plage surveillée, vous devez, à votre arrivée, signaler votre présence au maître-nageur. Vous devez également avoir en permanence un animateur pour 8 enfants dans l’eau.

 

Si vous êtes dans la piscine privée du centre de vacances, ou sur une plage non surveillée, vos obligations se renforcent :

  • Il faut toujours un adulte dans l’eau pour 8 enfants
  • Vous êtes limités à 40 enfants dans l’eau en même temps
  •  Sur une plage, vous devrez matérialiser la zone de baignade par des bouées, reliées par un filin
  • Un responsable spécialement formé devra assurer la surveillance. Il sera titulaire a minima du brevet de surveillant de baignade.
  • Et, évidemment, comme dans le cadre familial, une sécurisation de la piscine elle-même par une clôture et / ou une alarme.

 

Je n’ai pas trouvé de statistiques officielles sur le sujet, mais un inspecteur Jeunesse & Sports m’avait indiqué il y a quelques années un chiffre qui résume à lui seul l’enjeu et les conséquences de toute cette réglementation : globalement, il y a 3 fois moins d’accidents en colonies de vacances que dans le cadre familial.

 

Cédric Javault, 18 juillet 2011


 

 

PS : je ne peux pas terminer cet article sans une pensée pour ce jeune Ricardo, jeune adolescent d’origine angolaise, a priori sans famille, et qui s’est noyé la semaine dernière en colonie de vacances (voir par exemple l’article de Paris Normandie).

 

 

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 16:58

Mardi 12 juillet 2011

Tous les ans, nous achetons des milliers de billets de train pour organiser les transports des enfants et des animateurs en France et au Royaume-Uni (il y a également des trajets en avion, j’en traiterai probablement dans un futur article).

 

Groupes versus individuels

La réservation et la confirmation des billets de train SNCF est assez différente pour un organisateur de colos comme le nôtre et pour les particuliers : la SNCF nous applique les conditions « groupes » quand vous avez les conditions « individuels ».

 

Les conditions « groupes » s’appliquent pour un nombre important de voyageurs dans le même train. Les tours opérateurs adultes proposent peu de voyages en train ; les entreprises font rarement voyager leurs salariés en groupe : ainsi, les contrats « groupes » sont principalement signés par les organisateurs de colonies de vacances.

 

Des tarifs… très variables

Les particuliers ont en général accès aux réservations des trains 3 mois avant le départ. Pour les groupes, c’est plus tôt : pour l’été, c'est vers fin janvier ou début février que la SNCF débloque les places « groupes » et que nous pouvons faire nos demandes.

 

Un peu comme dans l’aérien ou dans l’hôtellerie, chaque train voit son nombre total de places décomposé en différents tarifs : par exemple 30 places au tarif BO (avantageux car -40%), 100 places au tarif BM entre -30% et plein tarif, etc. Evidemment, plus la SNCF anticipe qu’un train sera complet, moins il y a de places à tarif réduit. Ainsi, pour les séjours de février au ski pour la zone C (celle de Paris), nous payons presque systématiquement le plein tarif pour tous les billets (soit environ 200 € aller retour pour les + de 12 ans).

 

Nous estimons que les organisateurs de colonies de vacances bénéficient d’une réduction moyenne d’un peu moins de 30%. C’est déjà bien, mais une famille avec 3 enfants a un meilleur tarif. Année après année, la SNCF a durci ses conditions vis-à-vis des groupes ; nous connaissons de nombreux confrères, excédés, qui ont renoncé au train pour adopter le transport en car.

 

Poste Amadeus de Cédric JavaultUne gestion complexe

Quand la SNCF ouvre les places, Yohan (en photo) fait ses demandes sur un logiciel dédié appelé Amadeus. Il indique les jours de départ et de retour, les trajets souhaités, l’effectif envisagé, et fait des vœux sur les horaires des trains. Dans les jours ou semaines qui suivent, le service groupe de la SNCF lui fait un retour. Par exemple, nous avions demandé Paris Bordeaux à 9h22, ce sera le 10h44 avec 30 places à -30% et les autres places plein tarif.

 

Une fois un dossier accepté, les règles de gestion en après-vente sont très contraignantes. A J-90, nous devons donner l’effectif final. Toute place qui sera ensuite retirée va nous coûter 20% du tarif à J-90, puis 30% à J-30. A 7 jours du départ, cela devient 100% : si un enfant annule moins de 7 jours avant le départ, nous perdons totalement le prix de son billet.

 

Calcul Mathétiques selon Cédric JavaultQui a dit que les maths ne servent à rien dans la vie ?

 A J-90 (soit le 14 avril dernier pour les départs de demain, 13 juillet), nous n’avions encore qu’un peu plus de 50% des inscriptions, et devions indiquer à la SNCF notre prévision de remplissage final.

 

Détail qui a beaucoup amusé l’équipe, j’ai appelé Olivier MOYNOT à l’aide pour m’aider à calculer, de manière statistique, combien il fallait de places. Olivier, cofondateur de Telligo en 1993-1994, est aujourd’hui professeur de mathématiques en classe préparatoire. Il m’a (authentique !) envoyé 3 pages du style suivant… et nous avons fabriqué le « petit » logiciel ad hoc à partir de ses équations, de quelques explications complémentaires, et d'Excel.

 

 

 

Machine d'impression de Cedric JavaultPrêt pour le jour J

Depuis quelques années, nous nous sommes dotés d’une, puis de deux machines pour imprimer nous-mêmes les billets de train et éviter d’aller en chercher à chaque fois en gare. Cela fluidifie beaucoup le travail, surtout fin juin / début juillet où nous avons des dizaines de départs sur les mêmes journées.

 

Le chef de convoi de chaque séjour peut alors, quelques jours avant le départ, venir chercher son dossier : les fiches d’inscription des enfants, le fanion Telligo que vous voyez en gare,  et évidemment les billets de train aller et retour de son groupe.

 

 

 

Cédric JAVAULT

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  • : Le blog de Cédric Javault : le making off des colos
  • : Comment les séjours sont-ils organisés ? Quels sont les pépins que nous avons à régler... pour que les enfants ne s'en aperçoivent même pas ? Je vous invite à une petite découverte de cette face "cachée" de notre travail. Cédric Javault, président fondateur de Destination Découverte (sociétés Telligo et Cousins)
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