La naissance d’Altaïr
C’est fin 1993 que nous créons une toute petite association, baptisée Altaïr, du nom d’une des étoiles les plus brillantes du ciel d’été. Notre but : faire partager notre passion pour les sciences. Elle deviendra bien plus tard une PME, et prendra fin 2007 le nom de Telligo.
« Nous », car très vite, Olivier MOYNOT, un des copains de la bande de 1ère S, va s’investir totalement dans le projet. Olivier et moi-même étions juste de « bons copains » ; la formidable aventure humaine que nous avons vécue ensemble avec Altaïr (puis Aventure Scientifique et Telligo) a fait de nous de vrais amis, une amitié qui s’est toujours plus renforcée au fil des années et des difficultés traversées.
J’ai eu l’honneur d’être le témoin de mariage d’Olivier et de Valérie en 2001. A sa naissance en 2008, nous avons donné « Olivier » en second prénom à notre fils : nous expliquerons à notre enfant, avec le temps, l’immense richesse humaine que symbolise pour nous ce prénom.
Retour fin 1993 – début 1994.
Au fil des semaines, nous avançons dans notre projet de séjours de vacances pour faire partager à des ados les sciences qui nous passionnent. Astrophysique, naissance de l’univers et mort des étoiles, ateliers de recherche en mathématiques : à n’en pas douter, notre géniale idée va immédiatement attirer les foules ! Et le plus drôle, rétrospectivement, c’est que nous en étions convaincus !
Dans une immense méconnaissance des principes de base du marketing et de la communication, méconnaissance sans nul doute doublée d’une très bonne dose de prétention, nous réfléchissions à tous les détails… sauf au problème principal, celui de convaincre des jeunes et leurs parents de l’intérêt de notre séjour.
La première tentative de colo, en février 1994, a deux inscrits… dont ma petite sœur, et doit évidemment être annulée. La session suivante, en avril, n’aura aucun inscrit.
Nous écrivons à tous les principaux des lycées d’Ile-de-France, pour n’avoir qu’une réponse négative. Nous décidons alors d’organiser des « réunions d’information » dans 20 lycées parisiens (notre premier séjour est 14-17 ans). Avec l’accord du CPE – et parfois, je le confesse, sans accord, nous mettons un A4 par cahier de texte – et posons nos affiches sur tous les panneaux d’information de chacun des 20 lycées sélectionnés. Mais le jour venu, nous attendons, le plus souvent, pour faire notre présentation, dans une salle vide qui restera vide.
Frappant à toutes les portes, sollicitant nos anciens profs, et toutes nos relations, ce sont finalement 9 malheureux cobayes que nous finirons par réunir, fin août 1994, à Trégastel, dans les côtes d’Armor.
Ayant versé très tôt 10 000 Frs d’arrhes pour réserver le centre d’hébergement (une belle somme tout de même pour deux étudiants), nous étions d’une certaine manière obligés de faire un séjour pour rentrer dans nos frais, mais nous nous étions jurés avant le séjour que ce serait le premier et le dernier. La magie de cette première colo a opéré : à la rentrée 1994, nous avons choisi de persévérer.
Il est une anecdote qui me tient à cœur.
Avant ce premier séjour, nous avions souhaité le déclarer à Jeunesse et Sport, même si ce n’était pas obligatoire au vu de l’effectif de 9 jeunes (le seuil était à 12 à l’époque). Nous avons donc rencontré, en avril ou mai 1994, l’Inspectrice Jeunesse et Sport du Val-de-Marne. Alors que, globalement, tout le monde nous décourageait depuis 6 mois, et que nous allions d’échec en échec, c’est cette fonctionnaire, chargée de nous contrôler, qui est la première personne à avoir cru à notre projet et à nous avoir encouragés. Bien des années plus tard, et ne l’ayant pas revue depuis 1996 ou 1997, j’ai appris par un de ses anciens collègues, son décès dû à un cancer ; j’en ai éprouvé une grande tristesse.
Cédric Javault
NB : Lire aussi -> Telligo a bientôt 18 ans.
