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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 11:08
L'évolution historique des colonies de vacances:
un héritage de près de 150 ans

 

Les colonies de vacances, bien que moins présentes dans l’imaginaire collectif aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a cinquante ans, restent un élément incontournable de l’histoire sociale et éducative en France. Leur genèse remonte à la fin du XIXe siècle, une époque marquée par de profondes transformations sociales et économiques. Alors que l’industrialisation battait son plein, l’urbanisation rapide des grandes villes européennes avait engendré des conditions de vie difficiles pour de nombreux enfants. Ces derniers, souvent issus des milieux ouvriers, grandissaient dans des environnements insalubres, mal nourris, et souffrant de maladies dues à la pauvreté et à l’absence de soins médicaux adéquats.

C’est dans ce contexte que Hermann Walter Bion, un pasteur suisse, eut l’idée révolutionnaire d’offrir à ces enfants un séjour à la campagne, loin de la fumée des usines et de la promiscuité des quartiers populaires. En 1876, il organisa ce qui est considéré comme la première colonie de vacances, emmenant soixante-huit enfants de Zurich sur le plateau d'Appenzell durant l'été. Cette initiative, motivée par le souci de la santé et du bien-être des enfants, a rapidement fait des émules dans toute l’Europe. En France, c’est le pasteur Théodore Lorriaux qui, en 1881, organisa la première colonie sur le modèle du placement familial. Les enfants étaient alors confiés à des familles paysannes pour des séjours d’été, leur permettant de bénéficier du bon air de la campagne et d'une alimentation plus saine.

Colonies de Vacances : Un Héritage Historique et une Évolution Contemporaine
L’âge d’or des colonies de vacances :
des années 1930 aux années 1970

Au fil des décennies, les colonies de vacances se sont institutionnalisées et diversifiées. Elles n’étaient plus seulement des initiatives philanthropiques, mais s'inscrivaient dans une politique publique de protection de l’enfance et d’éducation populaire. Dans les années 1930, le décret-loi du 17 juin 1938 constitua un tournant en posant les bases de leur réglementation. Ce texte officialisait la mise sous protection de l’État des enfants participant à ces séjours, bien que la durée des séjours ou le nombre minimum de participants pour constituer une colonie ne soient pas encore définis avec précision.

Les colonies de vacances ont connu un véritable essor durant l’après-guerre, en particulier dans les années 1950 à 1970. Cette période, souvent considérée comme l’âge d’or des colonies, correspond à une époque où les vacances pour tous les enfants devenaient une priorité nationale. Les colonies offraient alors une échappatoire aux enfants des milieux populaires, qui pouvaient ainsi découvrir la mer, la montagne, ou la campagne, souvent pour la première fois. Le développement des transports collectifs, notamment les trains, a permis aux colonies de s’éloigner de plus en plus des villes, ouvrant des horizons nouveaux pour les jeunes citadins.

Ces séjours n’étaient pas seulement une parenthèse récréative, mais aussi un temps éducatif essentiel. Les colonies étaient perçues comme un moyen d’inculquer des valeurs de solidarité, de respect de l’autre, et de vivre-ensemble. Les enfants étaient soumis à un emploi du temps strict, alternant activités sportives, travaux manuels, et moments de vie collective. L’objectif était autant de les divertir que de les faire grandir physiquement et moralement. Le séjour en colonie permettait de renforcer leur constitution physique, à une époque où la robustesse et la santé étaient des valeurs primordiales. Les enfants étaient pesés et mesurés à l’entrée et à la sortie du séjour, pour s’assurer que ces semaines passées à la campagne ou à la mer avaient bien un effet bénéfique sur leur développement.

L’émergence de colonies à vocation idéologique

Au fil du XXe siècle, les colonies de vacances ont également pris une dimension idéologique. Des colonies confessionnelles, laïques, voire politiques, se sont multipliées, reflétant les clivages et les débats de la société française. Les colonies catholiques, par exemple, encadraient les enfants des patronages et des écoles religieuses, tandis que les colonies laïques, souvent soutenues par des municipalités ou des associations républicaines, se concentraient sur une éducation civique et morale détachée de toute influence religieuse. Dès les années 1930, certaines colonies affichaient des affiliations politiques, notamment à gauche, où les valeurs de solidarité et de justice sociale étaient mises en avant. À droite, et même à l’extrême droite, d’autres colonies prônaient des valeurs d’ordre, de discipline, et de patriotisme.

Parallèlement, les comités d’entreprise se sont investis dans l’organisation de colonies pour les enfants de leurs salariés, marquant ainsi l’avènement d’une nouvelle forme de soutien social aux familles. Les administrations publiques, les syndicats, et les grandes entreprises ont joué un rôle clé dans le développement des colonies de vacances, en offrant des séjours subventionnés qui permettaient à un grand nombre d’enfants de partir en vacances, même ceux issus de milieux modestes.

Les activités en colonies de vacances :
un miroir de la société

Les activités proposées en colonies de vacances ont évolué en fonction des époques, reflétant les changements sociaux, culturels, et technologiques de la société française. Dans les premières décennies, les activités étaient principalement orientées vers l’extérieur. Les enfants passaient la majorité de leur temps à pratiquer des sports de plein air, comme la gymnastique, la randonnée, ou les jeux collectifs. Ces activités avaient pour but de fortifier leur corps, mais aussi de les initier à l'esprit d'équipe et à la discipline. Les colonies étaient souvent perçues comme un prolongement de l'école, mais dans un cadre plus ludique et moins contraignant.

À partir des années 1950, les activités manuelles ont pris une place de plus en plus importante. Dans un contexte où l’apprentissage du travail manuel était valorisé, les enfants étaient initiés à la couture, à la fabrication d'objets en bois, et plus tard, à des activités plus élaborées comme la poterie ou le travail du rotin. Ces ateliers permettaient aux enfants de développer leur créativité tout en apprenant des techniques qui leur seraient utiles dans leur vie quotidienne. Dans les années 1970, les colonies ont introduit des matériaux comme le scoubidou et la pâte à sel, qui sont devenus des incontournables des loisirs créatifs. Les activités étaient souvent thématiques, avec des grands jeux inspirés de l’histoire, de la mythologie, ou des contes populaires.

Les veillées, moments privilégiés de la vie en colonie, étaient l’occasion de renforcer les liens entre les enfants et les animateurs. Ces soirées étaient rythmées par des chants, des jeux de société, des pièces de théâtre improvisées, ou encore des séances de marionnettes. Les veillées étaient également un moment propice pour les histoires, où les enfants pouvaient laisser libre cours à leur imagination. Avec l’apparition des boums dans les années 1980, les soirées en colonies ont pris une nouvelle dimension, devenant des moments de fête et de convivialité très attendus par les jeunes.

Colonies de Vacances : Un Héritage Historique et une Évolution Contemporaine
Les défis des colonies de vacances
contemporaines

Malgré leur importance historique, les colonies de vacances ont connu un déclin à partir des années 1980, principalement en raison de l’augmentation des coûts et de la diminution des aides publiques. Alors que dans les décennies précédentes, les colonies étaient accessibles à la majorité des enfants, elles sont progressivement devenues un privilège réservé à ceux dont les familles pouvaient se permettre de financer ces séjours. La réduction des subventions des comités d’entreprise a également contribué à éloigner les enfants des classes moyennes et populaires de ces vacances collectives.

Pour tenter de contrer cette tendance, le gouvernement français a introduit en 2024 le « Pass colo », une aide financière destinée aux enfants de 11 ans. Ce dispositif vise à encourager les départs en colonies, en particulier pour les familles qui ne pourraient pas autrement se permettre de financer de tels séjours. Cependant, malgré ces initiatives, le nombre d’enfants participant à des colonies de vacances reste en deçà des niveaux d’avant la pandémie de Covid-19. En 2022 et 2023, environ 25 000 séjours ont été enregistrés, pour un total de 800 000 départs. Ces chiffres, bien qu’en hausse par rapport aux années précédentes, montrent que le secteur n’a pas encore retrouvé sa vitalité d’antan.

Colonies de Vacances : Un Héritage Historique et une Évolution Contemporaine
La modernisation des colonies :
entre tradition et innovation

Aujourd’hui, les colonies de vacances ont su s’adapter aux nouvelles attentes des enfants et de leurs parents. Si les valeurs de solidarité et de vie collective restent au cœur de ces séjours, les colonies se sont diversifiées pour proposer une gamme de séjours adaptés aux goûts et aux intérêts des jeunes d’aujourd’hui. On trouve désormais des colonies à thèmes, des séjours linguistiques à l’étranger, des colonies sportives, ou encore des séjours axés sur l’apprentissage de compétences spécifiques, comme l’informatique ou la cuisine.

La modernisation des colonies s’est également manifestée par une réglementation plus stricte en matière de sécurité et d’encadrement. Les directeurs et animateurs de colonies doivent être titulaires de diplômes spécifiques, comme le Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) ou le Brevet d'aptitude aux fonctions de directeur (BAFD). Les infrastructures des centres de vacances doivent répondre à des normes précises, et les activités proposées sont rigoureusement encadrées pour garantir la sécurité des enfants.

Malgré ces évolutions, les colonies de vacances continuent de remplir leur mission première : offrir aux enfants un cadre où ils peuvent s’épanouir, apprendre à vivre ensemble, et découvrir de nouvelles activités. Pour de nombreux enfants, notamment ceux qui n’ont pas la possibilité de partir en vacances avec leur famille, les colonies restent un moment privilégié de l’année, une parenthèse où ils peuvent grandir, se faire de nouveaux amis, et repartir avec des souvenirs inoubliables.

L’impact durable des colonies de vacances sur
les enfants

Au-delà du simple divertissement, les colonies de vacances ont un impact profond et durable sur les enfants qui y participent. Ces séjours leur offrent une opportunité unique de se déconnecter de leur quotidien, de prendre du recul par rapport à leur environnement familial et scolaire, et de développer des compétences sociales et émotionnelles essentielles. Les enfants apprennent à vivre en collectivité, à respecter les règles, à coopérer avec leurs pairs, et à développer leur autonomie. Les colonies leur permettent également de découvrir des environnements nouveaux, de s’initier à des activités qu’ils n’auraient peut-être pas l’occasion de pratiquer chez eux, et de se confronter à des défis qui renforcent leur confiance en eux.

Les souvenirs de ces séjours restent gravés dans la mémoire des participants bien après leur retour à la maison. Pour beaucoup, les colonies de vacances constituent des moments fondateurs, des expériences qui les marquent durablement et qui influencent leur développement personnel. Les amitiés nouées en colonie peuvent durer des années, voire toute une vie, et les compétences acquises – comme l’esprit d’équipe, la créativité, ou la résilience – sont des atouts précieux pour leur avenir.

Conclusion

Les colonies de vacances, malgré leur déclin relatif, continuent de jouer un rôle essentiel dans la société française. Elles offrent aux enfants un espace unique de découverte, d’apprentissage, et de socialisation, loin des contraintes du quotidien. En s’adaptant aux nouvelles attentes des familles et aux évolutions de la société, elles restent un lieu privilégié pour grandir, s’amuser, et créer des souvenirs inoubliables. Alors que le monde évolue et que les défis se multiplient, les colonies de vacances conservent leur vocation première : aider les enfants à devenir des adultes épanouis, responsables, et solidaires.

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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 16:32

[Dernière mise à jour 13/08/24]

Introduction

 

Diplômé en ingénierie, après des études à Polytechnique (X) et aux Mines de Paris, j’ai commencé ma carrière dans un cadre très classique en tant que jeune haut fonctionnaire. À l'âge de 26 ans, j'étais responsable de la division Nord-Pas-de-Calais au sein de l'Autorité de Sûreté Nucléaire.



Près de quinze ans plus tard, ma profession a pris un tournant inattendu : je me consacre désormais à l’organisation de colonies de vacances. Un parcours surprenant, n’est-ce pas ? D’ordinaire, on devient animateur aux alentours de 18 ans, avant de se lancer dans des carrières que l’on juge plus « sérieuses ».

Telligo, des séjours thématiques pour les enfants

Cependant, le secteur des colonies de vacances est bien plus qu'un simple passage pour jeunes animateurs. C’est une véritable industrie à part entière, qui pèse près d’un milliard d’euros et qui connaît actuellement une transformation profonde. Comme dans de nombreux secteurs dits « traditionnels », il est possible d’y apporter des innovations majeures, susceptibles de stimuler la croissance.

 

Le groupe Destination Découverte, que j'ai fondé et que je dirige, organise chaque année des vacances pour 30 000 enfants, générant un chiffre d’affaires consolidé d'environ 30 millions d'euros. Telligo, notre principale filiale, a su développer une offre à la fois originale et innovante, qui a permis son essor au cours des dix dernières années, pour devenir un acteur clé dans notre secteur, bien que celui-ci reste de taille modeste.

Telligo, des séjours thématiques pour les enfants
Les colonies de vacances en France

Chaque année, plus d’un million d’enfants en France participent à ce que l’on appelle officiellement des « accueils collectifs de mineurs », un terme technique désignant les colonies de vacances. Parmi les enfants âgés de 8 à 16 ans, plus d’un sur dix part en moyenne pour un séjour de 12 jours, que ce soit en colonie sur le territoire national (concernant 900 000 enfants), pour un séjour de découverte culturelle à l'étranger (40 000 jeunes) ou encore pour un séjour linguistique (120 000 jeunes). Après une longue période de déclin amorcée dans les années 60, ces chiffres se sont stabilisés au cours des dix dernières années.



Le secteur des colonies de vacances génère environ un milliard d’euros de chiffre d’affaires. À titre de comparaison, les Français dépensent 30 milliards d’euros chaque année pour leurs vacances à l’étranger. Les organisateurs de colonies sont soumis aux réglementations du Code du Tourisme, ce qui fait de moi, juridiquement parlant, un agent de voyage. Destination Découverte est d'ailleurs membre du CETO, l'association des Tour Opérateurs français. Bien que nous fassions partie du secteur du tourisme, nous évoluons dans un segment très spécifique, une véritable niche aux caractéristiques propres.



Ce marché est extrêmement fragmenté : en 2004, dernière année pour laquelle le Ministère de la Jeunesse a publié des statistiques, on dénombrait près de 8 000 organisateurs pour 32 000 séjours. Depuis, une concentration du secteur a débuté, un phénomène accéléré par la crise économique, mais le chemin à parcourir reste long. Le secteur demeure majoritairement associatif, avec la coexistence d'associations authentiques, portées par des projets et des valeurs fortes (comme les petites associations bénévoles ou les fédérations de scoutisme), d'autres associations dont les méthodes de travail se rapprochent de celles des entreprises (à l’image de l’UCPA, dont la branche dédiée aux mineurs non accompagnés est devenue un acteur majeur), et enfin des PME pleinement orientées vers la commercialisation.



Ce qui distingue notre secteur du tourisme général, c'est la nature même de notre métier. Contrairement à mes homologues dans le secteur des voyages pour adultes, mon activité ne repose pas principalement sur la vente de services de transport ou d'hébergement. Dans notre domaine, ces aspects sont secondaires par rapport à l'essentiel : la prise en charge des enfants.

 

Mon travail principal consiste à recruter, former et encadrer environ 400 directeurs et 3 500 animateurs, qui sont responsables de 30 000 enfants chaque année.

 

Pour les plus jeunes, notre mission est de gérer leur quotidien, de respecter leurs rythmes de vie, de superviser leur toilette et le brossage des dents, mais surtout de les accompagner dans cette grande étape qu’est le fait d’être loin de leur famille pour la première fois.

 

Pour les enfants de 8 à 12 ans, il s’agit d’offrir des activités à la fois ludiques et éducatives, d’organiser de grands jeux, d’animer des veillées mémorables tout en leur offrant un cadre rassurant.

 

Avec les adolescents, il est crucial de trouver le bon équilibre, de savoir les motiver et les encourager, de les aider à concrétiser leurs idées et projets, tout en restant disponibles en cas de besoin.

 

Le législateur a bien compris les spécificités de notre métier en établissant une réglementation propre aux accueils collectifs de mineurs, distincte du Code du Tourisme et venant le compléter. Cette réglementation prévoit notamment un taux d’encadrement minimum, des qualifications requises pour les directeurs et animateurs, des certifications et diplômes d’État pour les activités sportives à risque, des protocoles de suivi sanitaire pour les jeunes, ainsi qu’une habilitation des lieux d’accueil, entre autres. Il est intéressant de noter que les accidents sont bien moins fréquents en accueil collectif de mineurs que dans un cadre familial, sans doute grâce à ce cadre réglementaire rigoureux.

 

Les acteurs du tourisme pour adultes ont également saisi la spécificité de notre activité. Il est vrai que de nombreux villages vacances proposent des clubs pour enfants, ce qui constitue un service pratique pour les parents et souvent de qualité. Cependant, cela reste très différent de notre métier, car les enfants sont récupérés par leurs parents chaque soir, voire à midi et le soir. À ma connaissance, aucun acteur du tourisme adulte n’intervient directement, sous sa propre marque ou par le biais de participations, dans notre segment.

Telligo, des séjours thématiques pour les enfants
Les colonies de vacances à l’étranger

Chaque année, environ 40 000 jeunes Français partent à l'étranger pour élargir leurs horizons et explorer le monde. Ce chiffre monte à 160 000 si l'on inclut ceux qui participent à des séjours linguistiques.

 

Si l’on se concentre maintenant sur les jeunes Européens qui partent en colonie de vacances, que ce soit dans leur propre pays ou à l'étranger, Telligo a mené des études de marché en Europe. Suite à ces recherches, nous avons lancé un test commercial dans quatre pays : Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne. Nous avons dépassé le stade de l'expérimentation en établissant une présence réelle, bien que modeste, sur le marché allemand pendant trois ans.

 

Toutefois, nous avons finalement décidé de mettre fin à ce projet. Le marché européen, en dehors de la France, s'est avéré être très limité. Chaque année, un million de jeunes Français partent en colonie de vacances, un chiffre environ trois à quatre fois supérieur à celui que nous avons estimé pour l'ensemble des quatre pays testés. Les résultats commerciaux ont été globalement décevants, sauf en Allemagne où les perspectives semblaient plus favorables. Cependant, même là, la fidélisation des clients n’a pas été suffisante pour soutenir une croissance continue. Il semble que nos clients, bien que très satisfaits, se contentaient d'un seul séjour.

 

Je suis persuadé que la France et les États-Unis partagent deux caractéristiques clés essentielles pour le développement durable de notre secteur : une natalité relativement élevée et un besoin significatif de garde d'enfants pendant les vacances d'été. En France, les enfants ont neuf semaines de vacances estivales, comparées à six en Allemagne, tandis qu’aux États-Unis, les vacances des parents sont très courtes.

 

Telligo, des séjours thématiques pour les enfants
Telligo et l'essor des colonies de vacances à thème

Parmi les nombreux organisateurs de colonies de vacances en France, j'ai fondé et dirige Telligo, une société qui accueille chaque année 15 000 enfants, principalement dans des colonies à thème.

Telligo, des séjours thématiques pour les enfants

L'aventure a commencé à la fin de 1993, alors que nous étions de jeunes étudiants des grandes écoles, passionnés par les sciences, et souhaitant partager cette passion avec les plus jeunes. Le premier séjour que nous avons organisé portait sur l'astrophysique, abordant des sujets comme le Big Bang, la vie des étoiles, et la relativité. À l'époque, Telligo s'appelait ‘Altaïr’, en hommage à une étoile brillante du ciel d'été et à la dernière mission spatiale à laquelle un Français avait participé.

 

Malgré notre enthousiasme, nous étions confrontés à de nombreux défis. Nous n'avions pas anticipé devoir annuler tous nos premiers séjours par manque de participants, ni les obstacles administratifs à surmonter. Mais qui aurait cru que vingt ans plus tard, Telligo accueillerait des milliers de jeunes chaque année ?

 

L'origine de notre succès repose en partie sur un coup de chance. Lors de notre premier séjour, nous n'avions pas le budget pour embaucher des animateurs diplômés (BAFA) comme prévu. Nous avons donc assumé à la fois les rôles de spécialistes scientifiques et d'animateurs. Ce choix, involontaire au départ, a défini ce qui reste encore aujourd'hui le cœur de notre offre : un thème captivant qui attire des enfants passionnés, encadrés par des animateurs experts et désireux de transmettre leur passion. Cette dynamique a créé une véritable connexion entre les jeunes et les adultes durant le séjour.

 

Dans les années qui ont suivi, en préservant cette alchimie, nous avons élargi notre offre. Nous sommes passés de l'astrophysique à un éventail de sujets scientifiques, puis à d'autres centres d'intérêt pour les enfants, tels que les animaux, la nature, l'histoire, et même des séjours artistiques.

 

En 2000, j'ai quitté mon poste à l'Autorité de Sûreté Nucléaire pour me consacrer pleinement à Telligo, transformant Altaïr en une véritable PME. Avec une communication de plus en plus professionnelle et une équipe permanente structurée, nous avons investi pour faire connaître notre offre. Cela a rapidement porté ses fruits, avec un chiffre d'affaires passant de 250 000 € en 2000 à 3 M€ en 2003.

 

Entre 2003 et 2007, notre croissance a été encore plus marquée, avec un chiffre d'affaires quintuple, atteignant 15 M€. Ce succès s'explique en grande partie par une innovation majeure : la création de séjours entièrement thématiques. Au lieu de proposer des séjours multisujets, nous avons segmenté nos offres, ce qui a permis d'attirer des participants encore plus passionnés et de renforcer les interactions entre adultes et enfants autour d'un thème unique.

 

Aujourd'hui, notre programme phare est « Mon ami Dauphin », où les enfants sont encadrés par des animateurs spécialisés en biologie marine, partageant des connaissances approfondies sur les dauphins. Même si ce thème s'éloigne des sciences dures, il reste captivant et attractif. Fait intéressant, beaucoup plus d'enfants rêvent de nager avec des dauphins que de résoudre des équations mathématiques !

 

Telligo, des séjours thématiques pour les enfants

Il est fascinant de constater que dix ans plus tard, Telligo a été largement imité par d'autres organisateurs. Beaucoup proposent désormais des séjours multi-activités habillés d'un thème superficiel pour attirer les parents. Les colonies de vacances d'autrefois, sans angle particulier, ont presque disparu, remplacées par des séjours thématisés qui répondent à une demande croissante de personnalisation.

 

Conclusion

 

Croissance et recentrage de Telligo

Entre 2008 et 2011, Telligo a non seulement continué à croître de manière organique, mais a également fait preuve de dynamisme en matière de croissance externe, grâce aux diverses acquisitions menées par sa société mère, Destination Découverte. Ces acquisitions ont nécessité des investissements conséquents en termes de ressources et d'énergie, mais elles ont enrichi notre gamme de services, notamment avec l'ajout de séjours culturels à l'étranger et de stages sportifs. Cette diversification a permis à Telligo de s'établir sur de nouveaux segments de marché, tout en répondant aux divers besoins des jeunes.

 

Cependant, en dépit de cette expansion, nous avons réalisé l'importance de revenir à notre cœur de métier : les colonies de vacances à thème. Depuis un an et demi, nous nous sommes concentrés sur ce modèle qui a fait le succès de Telligo. Nous avons redoublé d'efforts pour améliorer la qualité de nos séjours, en veillant à ce que chaque détail contribue à offrir une expérience inoubliable pour les enfants. Cela inclut un processus de recrutement encore plus sélectif, où les animateurs sont choisis non seulement pour leurs compétences, mais aussi pour leur passion et leur affinité avec les thèmes spécifiques de chaque séjour. En parallèle, nous avons renforcé la qualité des contenus pédagogiques pour garantir que chaque séjour soit à la fois amusant, enrichissant, et parfaitement aligné avec les attentes des jeunes participants.

Telligo, des séjours thématiques pour les enfants

Malgré les défis économiques, l'année 2012 a été marquée par des succès significatifs, confirmant que notre stratégie est la bonne. En revenant à nos fondamentaux tout en continuant à innover, nous avons réussi à capter l'attention et la confiance de nouvelles générations de parents et d'enfants. Cette dynamique positive nous rend très optimistes pour l'année 2013. Nous croyons fermement que notre engagement envers la qualité et la thématisation, qui a toujours été notre atout majeur, continuera à nous propulser en tant qu'acteur clé sur le marché des colonies de vacances.

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23 juillet 2016 6 23 /07 /juillet /2016 15:57

Depuis trois ans, nous avons développé un partenariat étroit avec notre collègue Cousins (site web : cousins.travel), qui se spécialise dans les voyages et séjours pour jeunes à l'international, notamment dans les camps itinérants destinés aux adolescents de 14 à 17 ans. Les principales destinations comprennent les États-Unis, le Canada, la Thaïlande, l’Australie, ainsi que des lieux plus proches tels que l’Italie et la Grèce.

 

En ce qui concerne Cousins Voyage et Telligo, depuis que j’ai pris la direction de Cousins en septembre 2008, j’ai eu l’occasion d’explorer une nouvelle facette de notre métier, notamment la complexité technique impliquée dans la gestion des aspects aériens, ainsi que le haut niveau de professionnalisme d’une équipe chevronnée dans l’organisation de séjours à plus de 8000 km de Paris. De plus, le soutien apporté par les équipes d’animation est essentiel, malgré un décalage horaire pouvant atteindre douze heures.

 

Dans les semaines et mois prochains, je prévois de présenter sur ce blog notre structure interne, ainsi que nos coordinateurs locaux, actuellement situés à Miami, New York, Bangkok et Las Vegas. Pour l’heure, je souhaite aborder un autre sujet important : la préparation préalable des séjours, en particulier les défis associés à la situation politique ou sanitaire dans les pays d’accueil.


Les difficultés liées à la situation politique ou sanitaire dans un pays.

Contexte politique ou sanitaire à l'international

Les politiques de voyage de Cousins et de Telligo visent naturellement à éviter les zones considérées comme dangereuses. Bien qu'il existe un public adulte attiré par des destinations extrêmes comme les déserts du Niger ou d’autres régions à risque, ce n'est pas le domaine dans lequel nous nous engageons.

 

Malgré notre vigilance dans le choix des destinations, nous avons été confrontés à diverses situations complexes au fil du temps : la grippe H1N1 au Mexique, les manifestations des chemises rouges en Thaïlande en 2009 et 2010, la marée noire en Floride, l'accident nucléaire de Fukushima, et le printemps arabe au début de l’année 2011. Le monde évolue constamment, et ces événements ont clairement un impact sur les opérations de Cousins.

 

Chaque crise soulève la même question : comment gérer les séjours dans ces régions touchées ? Devons-nous maintenir le programme prévu ? Modifier l’itinéraire ? Annuler le voyage ? Cousins a établi une politique claire pour gérer ces situations.

 

1°/ La première étape consiste à évaluer la situation sur place.

 

Il peut être tentant de se fier à nos contacts locaux, amis ou connaissances sur le terrain. Cependant, leurs perspectives peuvent être limitées ou biaisées, car les réceptifs locaux ont souvent intérêt à ce que nos groupes continuent leur voyage comme prévu. Nous préférons donc nous baser sur les conseils du Quai d’Orsay, de son vaste réseau consulaire et de son site « Conseils aux voyageurs » pour obtenir des informations fiables et impartiales.

Contexte politique ou sanitaire à l'international

Ce site, régulièrement mis à jour, présente la position des autorités françaises sur diverses destinations. Deux termes essentiels doivent être compris :

 

« Vigilance » : Lorsque le Quai d’Orsay recommande une vigilance, ou une vigilance renforcée, pour certaines destinations, cela signifie qu'une attention particulière est requise. Par exemple, pour le Royaume-Uni, il est conseillé d’être particulièrement vigilant dans les transports publics et les lieux touristiques très fréquentés. En Espagne, il est recommandé de faire preuve de la plus grande prudence.

 

« Déconseille » : Bien que le Quai d’Orsay ne puisse pas interdire aux Français de se rendre dans certains pays, il peut néanmoins « déconseiller » certains lieux. Actuellement (jeudi 21 juillet 2011), des pays comme l’Afghanistan sont « formellement déconseillés ». C’est également le cas pour une province du Guatemala, où la situation est trop instable, ainsi que pour la zone située à moins de 40 km de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon.

 

Notre politique est de maintenir les circuits lorsque les autorités recommandent seulement une vigilance, tout en évitant strictement les zones ou pays déconseillés. Étant donné que la situation peut évoluer, notre équipe vérifie le site du Quai d’Orsay chaque mois pour rester informée.

 

 

2°/ Prendre la décision au moment opportun

Les recommandations du Quai d’Orsay peuvent changer avec le temps, ce qui peut nous poser un dilemme : devons-nous attendre un retour à la normale (ce qui pourrait nécessiter des modifications urgentes des circuits) ou modifier immédiatement le programme (au risque de décevoir certains enfants qui préféraient le programme initial) ?

 

Il n’existe pas de solution facile à ces questions, et nous tirons des leçons de chaque « crise ». Par exemple, lors de l’épidémie de grippe H1N1 au Mexique, nous avons choisi d’annuler rapidement les séjours. Je ne suis pas certain que cette décision ait été la meilleure, car elle a suscité une vive polémique en France concernant les dépenses pour la vaccination. En fait, à l’été 2009, cinq enfants de nos séjours – deux avec Cousins Travel et trois avec Telligo – ont contracté la grippe H1N1 en France et en Grèce, et leur état n’a pas été plus grave que celui d’une grippe normale.

 

L’année suivante, le 20 avril 2010, l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique a entraîné une marée noire. Fin mai, les autorités américaines ont signalé que les Keys et le parc des Everglades – deux sites majeurs de nos séjours en Floride – pourraient être sévèrement touchés. Nous avons décidé de sensibiliser les équipes tout en maintenant le circuit, et cette décision semble avoir été appropriée.

 

 

3°/ Communiquer efficacement avec les clients

Lorsque nous devons modifier tout ou une partie d’un circuit, nous avons l’obligation légale d’informer les clients et d’obtenir leur accord.

Heureusement, les comités d’entreprise de nos clients jouent un rôle précieux en expliquant aux familles les raisons des changements et les détails de la situation.

Bien que nous connaissions parfois quelques désinscriptions et demandes de remboursement, la majorité des jeunes choisit de nous faire confiance et de partir en vacances.



Deux anecdotes pour conclure :

Contexte politique ou sanitaire à l'international

Début janvier 2011, il est devenu évident que le séjour que nous avions prévu en Tunisie pour février ne pourrait pas être maintenu. À ce moment-là, la révolution arabe se limitait à la Tunisie, tandis que le reste de la région demeurait relativement stable. Notre prestataire tunisien, bien informé sur la situation en Égypte, nous a alors proposé de transférer le séjour vers l'Égypte. Cependant, quelques semaines plus tard, l'Égypte serait également secouée par une révolution qui renverserait le régime en place. Était-ce une prémonition précise ou simplement un coup de chance ? Finalement, nous avons choisi le Maroc comme destination alternative, évitant ainsi la nécessité de procéder à un second déplacement d’urgence pour le séjour.

Contexte politique ou sanitaire à l'international

Pour un autre séjour, deux changements de destination ont été nécessaires. Prévu initialement pour avril 2010 au Japon, il a dû être reporté à avril 2011 en raison de l'éruption du volcan islandais, qui avait causé l'immobilisation des avions pendant cinq jours. Comme vous pouvez le deviner, le samedi 12 mars 2011, un accident nucléaire a eu lieu au Japon ! Face à cette nouvelle crise, Cousins a dû réagir rapidement et a trouvé une solution de repli en urgence : les adolescents ont finalement terminé leur séjour à des milliers de kilomètres de là, au Brésil.



Cédric Javault, 21 juillet 2011

Site web des organismes : cousins.travel et telligo.fr

Organismes de voyage Cousin (cousins travel) et Telligo

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 19:15
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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 13:20

[Dernière mise à jour le 13/08/2024]

 

Article rédigé pour la revue des ingénieurs des Mines pour leur numéro "Spécial Tourisme" à paraître dans quelques semaines. NB : c'est une version bêta, pas le texte définitif.

 

 

Telligo et ses colonies de vacances à thèmes

 

 

Introduction

 

Formé en tant qu'ingénieur (X, Mines de Paris), j’ai débuté ma carrière de façon très traditionnelle en tant que jeune haut fonctionnaire : à 26 ans, j’étais à la tête de la division Nord-Pas-de-Calais de l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

Presque 15 ans plus tard, mon métier consiste à organiser des colonies de vacances ! Un parcours inattendu ? Ne devient-on pas plutôt animateur à 18 ans... avant de passer à des occupations plus « sérieuses » par la suite ?

Cependant, les colonies de vacances constituent un secteur d’activité à part entière, pesant près d’un milliard d’euros, traversant une profonde transformation, et dans lequel il est possible – tout comme dans de nombreux métiers « traditionnels » – d’introduire de véritables innovations, sources de croissance.

Destination Découverte, le groupe que j’ai fondé et que je dirige, organise chaque année les vacances de 30 000 enfants, générant un chiffre d’affaires consolidé d’environ 30M€. Telligo, notre principale filiale, a développé une offre originale et innovante, qui a soutenu son développement au cours des 10 dernières années, pour devenir – à la petite échelle de notre secteur – un acteur important sur le marché.

 

 

Les colonies de vacances en France

 

Chaque année, plus d’un million d’enfants participent à des accueils collectifs de mineurs (terme réglementaire pour les colonies de vacances). Parmi les 8-16 ans, plus d’un enfant sur dix part pour une durée moyenne de 12 jours, que ce soit en colonie de vacances en France (900 000 enfants), en séjour de découverte culturelle à l’étranger (40 000 jeunes), ou en séjour linguistique (120 000 jeunes). Après une longue période de déclin depuis les années 60, les chiffres se sont globalement stabilisés au cours des 10 dernières années.

Notre secteur génère un chiffre d’affaires d’environ un milliard d’euros (à titre de comparaison, les Français dépensent 30 milliards d’euros chaque année pour leurs vacances à l’étranger). Les organisateurs de colonies de vacances sont soumis au Code du Tourisme, ce qui fait de moi, juridiquement parlant, un agent de voyage. Destination Découverte est membre du CETO, l’association des Tour Opérateurs français. Cependant, bien que nous fassions partie du secteur du tourisme, nous opérons dans un segment très spécifique, une véritable niche avec ses propres particularités :

Le segment est extrêmement fragmenté : en 2004 (dernière année pour laquelle le Ministère de la Jeunesse a publié des statistiques !), il y avait près de 8 000 organisateurs pour 32 000 séjours. La concentration du secteur a débuté et la crise économique semble en accélérer le processus... mais il reste encore un long chemin à parcourir ! Il demeure largement associatif, avec la coexistence de véritables associations portées par des projets et des valeurs fortes (de nombreuses petites associations bénévoles, diverses fédérations de scoutisme, etc.), d’autres associations dont les produits et méthodes commerciales ressemblent beaucoup à ceux d’entreprises (comme l’UCPA, dont la branche dédiée aux mineurs non accompagnés est devenue en quelques années un acteur de premier plan dans le secteur), et des PME qui assument pleinement leur orientation commerciale.

Ce qui nous distingue le plus du marché général du tourisme, c’est le cœur même de notre métier : contrairement à mes collègues du secteur adulte, je ne vends pas principalement du transport et de l’hôtellerie. Dans mon domaine, ces services sont secondaires par rapport à une prestation bien plus importante : la prise en charge de votre enfant.

Mon activité principale consiste à recruter, former, et encadrer 400 directeurs et 3 500 animateurs qui s’occupent chaque année de 30 000 enfants :

  • Pour les plus jeunes, il s'agit de gérer la vie quotidienne et les rythmes de vie, d'organiser la toilette et le brossage des dents, mais surtout d'accompagner cette grande expérience d’être loin de sa famille pour la première fois.
  • Pour les 8-12 ans, il s’agit de proposer des activités ludiques et éducatives, d’organiser de grands jeux, d’animer des veillées mémorables, tout en posant un cadre sécurisant.
  • Avec les adolescents, il est essentiel de trouver le juste équilibre, de savoir motiver et encourager, de les aider à mener à bien leurs idées et projets, tout en restant présent en cas de besoin.

Le législateur a bien compris les particularités de notre métier en créant une réglementation spécifique aux accueils collectifs de mineurs, distincte du Code du Tourisme, et qui s’applique en complément de celui-ci. Elle prévoit notamment un taux d’encadrement minimum, des qualifications pour les directeurs et animateurs des séjours, des certifications et diplômes d’État pour les activités sportives à risque, des modalités de suivi sanitaire des jeunes, ainsi qu’une habilitation des lieux d’accueil, etc. Il est à noter que les accidents sont significativement moins fréquents en accueil collectif de mineurs que dans le cadre familial, sans doute grâce à ce cadre réglementaire.

Les acteurs du secteur adulte ont également bien saisi la spécificité de notre activité. Certes, de nombreux villages vacances proposent des clubs enfants, ce qui est une prestation pratique pour les parents et souvent de grande qualité... mais cela reste très différent de mon métier, car vous récupérez vos enfants tous les soirs, voire à midi et le soir. À ma connaissance, aucun acteur du tourisme adulte n’est présent, ni directement avec sa marque, ni même indirectement par une participation, dans notre segment.

 

 

Les colonies de vacances à l’étranger

 

Chaque année, environ 40 000 jeunes Français partent à l'étranger pour découvrir le monde (soit un total de 160 000 jeunes en incluant ceux qui participent à des séjours linguistiques).

Maintenant, penchons-nous sur les jeunes Européens [1] qui partent en colonie de vacances, que ce soit dans leur propre pays ou à l’étranger. Telligo a réalisé des études de marché en Europe, suivies d’un test commercial dans quatre pays : Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne. Nous avons dépassé le stade du test en établissant une véritable (bien que modeste) présence sur le marché allemand pendant trois ans.

Cependant, nous avons finalement décidé d’abandonner ce projet : le marché européen en dehors de la France est très restreint (un million de jeunes Français partent en colonie de vacances chaque année, soit environ 3 à 4 fois notre estimation pour l’ensemble des quatre pays testés). Les tests commerciaux ont été très décevants, à l'exception de l'Allemagne, qui paraissait prometteuse. Dans ce pays, la fidélisation des clients s’est révélée insuffisante pour soutenir la croissance, comme si nos clients – bien que très satisfaits – se contentaient d’un seul séjour.

Je suis convaincu que la France et les États-Unis partagent deux critères-clés pour le développement durable de notre secteur d’activité : une natalité relativement élevée et un besoin important de garde d’enfants pendant les vacances d’été (9 semaines de vacances pour les enfants en France contre 6 en Allemagne ; des vacances très courtes pour les parents aux États-Unis).

 

 

Telligo et l’émergence des colonies à thème

 

Parmi les milliers d’organisateurs français de colonies de vacances, j’ai fondé et dirige la société Telligo, qui accueille chaque année 15 000 enfants, principalement dans le cadre de colonies de vacances à thème.

Tout a commencé à la fin de 1993 : jeunes étudiants des grandes écoles, nous souhaitions partager notre passion pour les sciences avec des plus jeunes. Le thème de notre premier séjour était l’astrophysique (le Big Bang, la vie et la mort des étoiles, la relativité…) et Telligo s’appelait alors ‘Altaïr’, en référence à l'une des étoiles les plus brillantes du ciel d’été et à la dernière mission spatiale avec un Français à son bord.

Notre enthousiasme juvénile rivalisait avec notre inexpérience : nous ne pensions pas devoir annuler tous nos premiers séjours faute de participants, ni devoir surmonter tant d’obstacles administratifs. Rétrospectivement, qui aurait cru que Telligo existerait encore vingt ans plus tard et accueillerait des milliers de jeunes ?

Cette belle aventure a débuté grâce à un heureux hasard : lors de notre premier séjour (qui rassemblait 9 jeunes et les 2 fondateurs), nous n’avions pas le budget pour embaucher les animateurs BAFA initialement prévus. Nous avons donc assumé les rôles de « spécialistes » scientifiques et d’animateurs de la vie quotidienne. Sans le savoir, nous avons créé la formule qui reste, aujourd’hui encore, au cœur de notre valeur ajoutée :

  • Un thème fort qui attire des enfants passionnés,
  • Des animateurs eux-mêmes experts, désireux de transmettre leur passion,
  • … et donc une véritable « rencontre » entre jeunes et adultes durant le séjour.

Les années suivantes, en conservant cette alchimie, nous nous sommes développés et avons élargi les thèmes abordés, passant de l’astrophysique aux sciences et techniques en général, puis des sciences à d’autres passions des enfants : séjours sur les animaux, la nature, l’histoire, séjours artistiques…

Fin 2000, j’ai quitté l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour devenir chef d’entreprise à plein temps, transformant Altaïr en PME. La communication est devenue progressivement plus professionnelle, l’équipe permanente s’est structurée, et nous avons investi (à notre échelle) pour nous faire connaître : le chiffre d’affaires a alors commencé à croître rapidement, passant de 250 000 € en 2000 à 3 M€ en 2003.

Le développement s’est poursuivi à un rythme soutenu, puisqu’entre 2003 et 2007, le chiffre d’affaires a été multiplié par cinq pour atteindre 15 M€ [2]. Cette deuxième phase de croissance est en grande partie due à une innovation simple mais radicale, qui a transformé Telligo et contribué, dans une certaine mesure, au renouveau de notre secteur.

En 2003, tous nos séjours étaient multi-sciences et offraient, selon le lieu, un mélange d’ateliers scientifiques. Par exemple, un séjour pour les 11-14 ans proposait le choix suivant : Micro-fusées / La communication animale / Jeux mathématiques / Les volcans (chaque enfant choisissant deux ateliers). Les séjours incluaient souvent des visites de sites ou de musées à caractère scientifique.

L’atelier ‘Micro-fusées’ attirait principalement des garçons passionnés de physique et de technologie, tandis que l’atelier ‘La communication animale’ séduisait plutôt des filles passionnées par les animaux et la biologie.

En 2006, nous avons introduit des séjours entièrement thématiques. Par exemple, le séjour « Décollage immédiat » comprenait les micro-fusées, d’autres ateliers de physique et de technologie, ainsi qu’une visite à la Cité de l’Espace de Toulouse. De même, le séjour « Planète Sauvage » regroupait « La communication animale », d’autres ateliers sur les animaux, et une visite au parc animalier de Planète Sauvage.

Cette évolution a permis à Telligo de renforcer la cohérence de ses séjours [3], qui s’articulaient déjà autour d’ateliers thématiques. Désormais, le thème principal n’était plus simplement ‘les sciences en général’, mais ‘une discipline scientifique spécifique’.

Conséquence n°1 : en segmentant mieux nos offres, nous attirons des enfants et des adultes encore plus motivés, renforçant ainsi la connexion entre adultes et enfants autour du thème.

Mais surtout, conséquence n°2, ce modèle fonctionne au-delà de la niche spécifique des sciences, et progressivement, nous avons pu organiser des séjours thématiques autour des différentes passions des enfants.

Aujourd’hui, notre best-seller est « Mon ami Dauphin » : les enfants sont encadrés par des animateurs ayant une formation en biologie, voire par de véritables spécialistes de la vie marine, avec un véritable échange entre adultes et enfants sur les dauphins et le monde marin. On s’éloigne des sciences dures, mais le thème reste fort. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que les enfants de 8-12 ans rêvant de dauphins sont bien plus nombreux que ceux qui veulent résoudre des équations mathématiques !

Ce qui est le plus frappant, c’est de constater, une dizaine d’années plus tard, que Telligo a été largement imité par d’autres organisateurs, dont les séjours sont essentiellement multi-activités et ne reposent pas sur une véritable interaction adulte-enfant autour d’un thème spécifique. Quand j’étais enfant, partir en colonie signifiait « 2 semaines en Haute Savoie ». Le séjour, autant que je m’en souvienne, comprenait quelques activités sportives (sports collectifs, une sortie piscine, une initiation au tennis), des randonnées, la visite d’une fromagerie, etc. De tels séjours, sans véritable angle, sont aujourd’hui en voie de disparition. Les organisateurs de colonies de vacances proposent désormais des séjours similaires à ceux d’il y a 30 ans, mais avec un titre et un thème : cette thématisation souvent superficielle est devenue un précieux outil marketing pour les parents en quête de la colo idéale dans un marché hyper fragmenté et offrant une multitude de choix.

 

 

Conclusion

 

Entre 2008 et 2011, Telligo a non seulement maintenu une croissance organique solide, mais a également été très actif dans le domaine de la croissance externe grâce aux diverses acquisitions réalisées par sa maison mère, Destination Découverte. Ces acquisitions ont demandé un investissement considérable en termes d’énergie et de ressources, mais elles ont grandement enrichi notre offre, en particulier en ce qui concerne les séjours culturels à l’étranger et les stages sportifs. Cette diversification a permis à Telligo de s’implanter sur de nouveaux segments de marché, tout en continuant à répondre aux besoins variés des jeunes.

 

Cependant, au-delà de cette expansion, nous avons pris conscience de l’importance de revenir à ce qui fait l’essence même de Telligo : les colonies à thème. Depuis 18 mois, nous avons donc recentré nos efforts sur ce modèle qui a fait notre succès. Nous avons intensifié notre travail sur la qualité des séjours, en veillant à ce que chaque détail contribue à une expérience inoubliable pour les enfants. Cela passe par un recrutement encore plus sélectif d’animateurs, choisis non seulement pour leurs compétences, mais aussi pour leur passion et leur affinité avec les thèmes des séjours. De plus, nous avons renforcé la pertinence des contenus pédagogiques pour garantir que chaque séjour soit à la fois ludique, enrichissant et cohérent avec les attentes des jeunes participants.

 

Malgré un contexte économique difficile, l’année 2012 a été marquée par de belles réussites, confirmant la pertinence de notre stratégie. En revenant à nos fondamentaux tout en innovant constamment, nous avons su capter l’intérêt et la confiance de nouvelles générations de parents et d’enfants. Cette dynamique positive nous rend très optimistes pour 2013. Nous sommes convaincus que notre engagement envers la qualité et la thématisation, qui a toujours été notre force distinctive, continuera à porter ses fruits et à nous permettre de rester un acteur incontournable sur le marché des colonies de vacances.

 


[1] N’ayant pas fait de recherches approfondies hors d’Europe, je ne peux y être très précis. Il faut toutefois citer le cas des USA où 8 millions de jeunes Américains partiraient en colonie de vacances (« Summer Camp ») tous les ans.

[2] Accessoirement, la société va devenir rentable. Fin 2003, les pertes cumulées des premières années avaient conduit à une crise de trésorerie qui aurait pu sonner notre mort prématurée.

[3] Préalablement, cela nécessité d’avoir parfaitement compris et formalisé quelle est cette logique. Dit différemment, il nous a fallu comprendre que l’alchimie qui se crée autour du tryptique « thème fort – enfant enthousiaste – animateur passionné » était le facteur clé de succès de Telligo sur son marché. Il faut bien reconnaître que nous n’avons pas eu une approche si théorique et que c’est au fil des années et de la diversification que nous l’avons formalisé.

 

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 22:17

Ce blog a maintenant une quizaine de jours. Vous avez été 1894 visiteurs depuis sa création pour un peu plus de 7000 pages vues.

 

Quels sont les articles que vous avez trouvé les plus intéressants ?

Dans quelle direction dois-je orienter les futurs articles ?

Quels thèmes ? Quel style de rédaction (plus de chiffres ? plus d'anecdotes ?)

 

Merci d'avance de votre feedback.

 

NB : vous pouvez me répondre en mettant un commentaire (réponse publique) ou en cliquant sur contact en haut à droite (message privé).

 

Cédric Javault, 22 juillet 2011

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 17:18

[ Dernière mise à jour le 13/08/2024 ]

 

Depuis trois ans, nous avons établi un partenariat étroit avec notre collègue Cousins (site web : cousins.travel), spécialisé dans les voyages et séjours pour jeunes à l’étranger, notamment dans les camps itinérants pour les 14-17 ans. Les destinations principales incluent les États-Unis, le Canada, la Thaïlande, l’Australie, ainsi que des destinations plus proches comme l’Italie et la Grèce.

 

À propos de Cousins Voyage, Telligo et Cousins Travel

 

Depuis que j’ai pris la direction de Cousins en septembre 2008, j’ai découvert une nouvelle dimension de notre métier, notamment la complexité technique liée à la gestion des aspects aériens, ainsi que le professionnalisme d’une équipe expérimentée dans l’organisation de séjours à 8000 km de Paris et le soutien des équipes d’animation, souvent avec un décalage horaire de douze heures.

 

Dans les semaines et mois à venir, j’aurai probablement l’opportunité de présenter sur ce blog notre organisation interne, nos coordinateurs locaux – actuellement basés à Miami, New-York, Bangkok et Las Vegas – mais pour l’instant, je souhaite aborder un autre sujet, qui concerne la préparation en amont des séjours :

 

Les difficultés liées à la situation politique ou sanitaire dans un pays.

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La politique de voyage de Cousins, ainsi que celle de Telligo, consiste bien entendu à éviter les zones à risque. Il existe un public adulte attiré par les déserts du Niger ou d’autres régions « chaudes », mais ce n’est pas notre orientation !

 

Malgré une grande vigilance dans le choix des destinations, nous avons cependant été confrontés à de nombreuses situations complexes : grippe H1N1 au Mexique, manifestations des chemises rouges en Thaïlande en 2009 puis 2010, marée noire en Floride, accident nucléaire de Fukushima, printemps arabe au début de l’année 2011… Le monde est en perpétuel mouvement, et ces événements ont indéniablement un impact sur les activités de Cousins.

 

À chaque crise, la question qui se pose est la même : comment gérer les séjours dans ces régions du globe ? Faut-il maintenir le programme initial ? Modifier l’itinéraire ? Annuler le séjour ? La politique de Cousins est constante et désormais bien établie pour faire face à ces situations.

 

1°/ La première étape consiste à évaluer la situation sur place.

Il serait tentant de se fier à nos contacts locaux, amis ou connaissances sur le terrain. Cependant, leurs perspectives pourraient être limitées, voire biaisées (les réceptifs locaux ont souvent tout intérêt à ce que nos groupes poursuivent leur voyage comme prévu). Nous privilégions donc les conseils du Quai d’Orsay, de son vaste réseau consulaire et de son site « Conseils aux voyageurs » pour obtenir des informations fiables et objectives.

 

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Ce site, mis à jour régulièrement, reflète la position des autorités françaises sur diverses destinations. Il y a deux termes-clés à comprendre :

 

« Vigilance » : Lorsque le Quai d’Orsay recommande une vigilance, ou une vigilance renforcée, pour certaines destinations, cela signifie qu’une attention accrue est nécessaire. Par exemple, pour le Royaume-Uni, la recommandation actuelle est : « Il est conseillé de faire preuve d’une vigilance accrue dans les transports publics et les sites touristiques très fréquentés. » En Espagne, le Quai d’Orsay conseille aux voyageurs de « faire preuve de la plus grande vigilance ».

 

« Déconseille » : Bien que le Quai d’Orsay ne puisse pas interdire aux Français de voyager, il peut seulement « déconseiller » certaines destinations. Actuellement (jeudi 21 juillet 2011), des pays comme l’Afghanistan sont « formellement déconseillés ». C’est également le cas pour une province du Guatemala, où la situation est trop instable, ainsi que pour la zone située à moins de 40 km de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon.

 

Notre politique consiste à maintenir les circuits lorsque les autorités recommandent seulement une vigilance, mais à éviter rigoureusement toute zone ou pays déconseillés. Comme la situation peut évoluer, le site du Quai d’Orsay est vérifié chaque mois par nos chargés d'affaires responsables des destinations.

 

2°/ Prendre la décision au moment opportun

Les recommandations du Quai d’Orsay peuvent changer avec le temps. Nous sommes donc parfois confrontés à un dilemme : devons-nous attendre un retour à la normale (ce qui pourrait nécessiter des modifications d'urgence des circuits) ou modifier immédiatement le programme (au risque de décevoir certains enfants qui préféraient le programme initial) ?

Il n’y a pas de réponse facile à ces questions, et nous apprenons un peu plus à chaque « crise ».

Par exemple, lors de l’épidémie de grippe H1N1 au Mexique, nous avons décidé assez rapidement d’annuler les séjours. Je ne suis pas certain que cette décision ait été la meilleure : la suite a révélé une vive polémique en France concernant les millions d'euros dépensés pour la vaccination ! En fait, à l’été 2009, cinq enfants de nos séjours – deux avec Cousins Travel et trois avec Telligo – ont contracté la grippe H1N1 en France et en Grèce, et ils n’ont pas souffert davantage qu’avec une grippe ordinaire.

L’année suivante, le 20 avril 2010, l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique a provoqué une marée noire. Fin mai, les autorités américaines ont indiqué que les Keys et le parc des Everglades – deux sites majeurs de nos séjours en Floride – pourraient être gravement affectés. Nous avons choisi de sensibiliser les équipes tout en maintenant le circuit ; il semble que cette décision ait été appropriée.

 

3°/ Communiquer efficacement avec les clients

Lorsque nous devons modifier tout ou une partie d’un circuit, nous avons une obligation légale d’informer les clients et d’obtenir leur accord.

Heureusement, les comités d’entreprise de nos clients nous aident considérablement en expliquant aux familles les raisons des changements et les détails de la situation.

Bien que nous enregistrions parfois quelques désinscriptions et remboursements, la grande majorité des jeunes choisit de nous faire confiance et de partir en vacances.

 

Deux anecdotes pour conclure :

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Début janvier 2011, il est rapidement devenu clair que notre séjour prévu en Tunisie pour février ne pourrait pas être maintenu. À ce moment-là, la révolution arabe était confinée à la Tunisie, tandis que le reste de la région restait relativement calme. Notre prestataire tunisien, bien informé sur la situation en Égypte, nous a alors suggéré de déplacer le séjour vers l'Égypte. Quelques semaines plus tard, l'Égypte serait elle-même secouée par une révolution qui renverserait le régime en place. Était-ce une intuition éclairée ou simplement un coup de chance ? Nous avons finalement opté pour le Maroc plutôt que la Tunisie ou l'Égypte, ce qui nous a permis d'éviter un second déplacement en urgence pour le séjour !

 

 

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Un autre séjour, en revanche, a subi deux changements de destination. Initialement prévu pour avril 2010 au Japon, il a dû être reporté en avril 2011 en raison de l'éruption du volcan islandais, qui avait provoqué l'immobilisation de tous les avions pendant cinq jours. Vous devinez la suite ? Le samedi 12 mars 2011, un accident nucléaire a eu lieu au Japon ! Face à cette situation, Cousins a dû réagir rapidement et a trouvé une solution de repli en urgence : les adolescents ont finalement terminé leur séjour, à des milliers de kilomètres de là, au Brésil !

 

Cédric Javault, 21 juillet 2011

Site web des organismes : cousins.travel et telligo.fr

Organismes de voyage Cousin (cousins travel) et Telligo
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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 15:41

C’est dès 1960 que les premiers textes réglementant les colonies de vacances sont nés en France. Depuis cette époque, le cadre réglementaire s’est densifié : le législateur et les gouvernements successifs ont toujours souhaité mieux encadrer notre activité et suivre le développement des pratiques.

 

Cédric Javault : accrobranche

Voici un exemple qui illustre l’évolution de la réglementation pour suivre celle des pratiques : l’accrobranche est une activité qui consiste à évoluer sur un parcours en hauteur entre les arbres, en étant sécurisé par des câbles et un baudrier. Cette pratique est née en 1989, puis s’est développée, notamment à partir des années 2000. Elle a fait l’objet d’une réglementation spécifique sous la forme d’un arrêté Jeunesse & Sports dès le 3 juin 2004.

 

D’autres exemples donnent malheureusement une impression plus troublante. Ainsi, quand j’ai passé le BAFD en 1995, nous n’étions obligés de déclarer un centre de vacances qu’à partir du moment où nous réunissions 12 enfants. Ce seuil est depuis descendu à 7, exactement le nombre d’enfants qui avaient péri dans le gîte équestre lors d’un tragique incendie vers l’année 2000. Beaucoup de jeunes animateurs ont eu alors l’impression que la nouvelle loi n’était qu’une conséquence de ce tragique accident, alors qu’elle comptait objectivement bien d’autres points.

 

Ces mêmes jeunes animateurs n’ont le plus souvent pas de culture juridique ; même si leur formation BAFA a notamment pour but de leur indiquer ce qu’ils ont le droit de faire et de ne pas faire, ils se perdent facilement dans les textes. Le rôle du directeur est notamment de rappeler régulièrement les règles et de veiller à leur respect.

 

Photo de piscine, par Cédric JavaultPour être plus concret, voici un exemple, celui de la baignade. La réglementation applicable est l’annexe III de l’arrêté du 22 juin 2003. Les règles qui suivent correspondent à des enfants âgés de 6 à 11 ans (elles diffèrent selon l’âge).

 

Si vous emmenez votre groupe à la piscine municipale, ou sur une plage surveillée, vous devez, à votre arrivée, signaler votre présence au maître-nageur. Vous devez également avoir en permanence un animateur pour 8 enfants dans l’eau.

 

Si vous êtes dans la piscine privée du centre de vacances, ou sur une plage non surveillée, vos obligations se renforcent :

  • Il faut toujours un adulte dans l’eau pour 8 enfants
  • Vous êtes limités à 40 enfants dans l’eau en même temps
  •  Sur une plage, vous devrez matérialiser la zone de baignade par des bouées, reliées par un filin
  • Un responsable spécialement formé devra assurer la surveillance. Il sera titulaire a minima du brevet de surveillant de baignade.
  • Et, évidemment, comme dans le cadre familial, une sécurisation de la piscine elle-même par une clôture et / ou une alarme.

 

Je n’ai pas trouvé de statistiques officielles sur le sujet, mais un inspecteur Jeunesse & Sports m’avait indiqué il y a quelques années un chiffre qui résume à lui seul l’enjeu et les conséquences de toute cette réglementation : globalement, il y a 3 fois moins d’accidents en colonies de vacances que dans le cadre familial.

 

Cédric Javault, 18 juillet 2011


 

 

PS : je ne peux pas terminer cet article sans une pensée pour ce jeune Ricardo, jeune adolescent d’origine angolaise, a priori sans famille, et qui s’est noyé la semaine dernière en colonie de vacances (voir par exemple l’article de Paris Normandie).

 

 

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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 18:11

Création d'une nouvelle rubrique - appel à contribution

Un incident survenu chez Cousins en début de semaine m'a donné envie de créer une nouvelle rubrique sur quelques grosses bêtises de jeunes et notamment d'ados. Comme ce blog est assez lu par des animateurs et des directeurs, qu'ils n'hésitent pas à m'alimenter : je publierai des contributions extérieures avec plaisir.

 

Quelle que soit la gravité des faits, il m'a semblé que je devais respecter certaines règles vis-à-vis des protagonistes et en particulier protéger scrupuleusement l'anonymat des mineurs. Cela passera par des prénoms changés, des dates et des lieux modifiés, et quelques erreurs volontaires dans les récits, qui, sans modifier l'essence des incidents, les rendront beaucoup moins identifiables.

 

 

Partir ou pas avec son copain ?

Emma a 16 ans. Son père travaille dans un grand groupe dont le comité d'entreprise ("CE") a retenu Cousins depuis longtemps comme prestataire sur certains séjours à l'étranger lointain. Emma a un petit copain, Paul, 16 ans également.

 

Au moment de s'inscrire pour son séjour de l'été, Emma n'est pas au mieux avec Paul. Elle décide de choisir un séjour privatisé pour le CE de la société de son père : Parfum d'Asie, un trio Thaïlande - Cambodge - Vietnam. Ainsi, même si les parents de Paul ont les moyens de payer le voyage de ce dernier au plein tarif, il ne pourra pas partir avec elle.

 

Mais, quelques semaines plus tard, changement d'avis. Emma file à nouveau le grand amour avec Paul ! Problème car l'inscription de la jeune fille a été validée et n'est plus modifiable.

 

 

Tout problème a sa solution pour Emma !

Qu'à cela ne tienne ! Emma va se faire passer pour le CE de son père et inviter Paul. Elle crée une adresse email du type "ce_de_la_societe@yahoo.fr" et rédige, en s'inspirant des documents de voyage - ceux-là authentiques - que ses parents ont reçus, un email de confirmation pour Paul.

 

Là où les choses se compliquent, c'est que le père de Paul, peut-être un brin naïf, prend l'email de Emma pour une véritable invitation de son fils à participer au voyage. Sympa le CE du père d'Emma : Paul est invité pour un séjour à plus de 2 000 € !

 

Bien évidemment, Cousins n'a aucune trace de l'inscription ; le CE dément d'ailleurs catégoriquement auprès de Cousins avoir envoyé un tel email à partir d'une adresse xx@yahoo.fr, qui n'est pas la sienne. Mais le père de Paul persiste et, à 24h du départ, menace Cousins des pires poursuites si son fils ne décolle pas avec le groupe le lendemain.

 

Epilogue à l'aéroport

L'affaire se finit assez piteusement mercredi 13 juillet 2011, à Charles de Gaulle, où Emma doit bien reconnaître devant le CE et devant Cousins qu'elle a fait un faux pour partir avec son petit copain. Emma doit alors, juste avant de partir pour Bangkok, tout expliquer à son propre père. Nul doute que le retour à la maison fin juillet sera l'occasion d'une explication sympathique !

 

L'affaire s'arrêtera là, ni Cousins ni le CE n'ayant l'intention de porter plainte. 

 

 

Au passage

Avec le pont du 14 juillet, désolé, je ralentis un peu le rythme. Pour les curieux, j'ai commencé à mieux étoffer la rubrique présentation avec deux premiers articles sur Telligo, l'un sur la naissance en 1993-1994, l'autre pour brosser à très grand traits son développement.

 

 

Cédric JAVAULT

 

PS : un grand merci à Henriette, une lectrice attentive qui s'est spontanément proposée, pour corriger ma grammaire et mon orthographe défaillantes !

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 16:58

Mardi 12 juillet 2011

Tous les ans, nous achetons des milliers de billets de train pour organiser les transports des enfants et des animateurs en France et au Royaume-Uni (il y a également des trajets en avion, j’en traiterai probablement dans un futur article).

 

Groupes versus individuels

La réservation et la confirmation des billets de train SNCF est assez différente pour un organisateur de colos comme le nôtre et pour les particuliers : la SNCF nous applique les conditions « groupes » quand vous avez les conditions « individuels ».

 

Les conditions « groupes » s’appliquent pour un nombre important de voyageurs dans le même train. Les tours opérateurs adultes proposent peu de voyages en train ; les entreprises font rarement voyager leurs salariés en groupe : ainsi, les contrats « groupes » sont principalement signés par les organisateurs de colonies de vacances.

 

Des tarifs… très variables

Les particuliers ont en général accès aux réservations des trains 3 mois avant le départ. Pour les groupes, c’est plus tôt : pour l’été, c'est vers fin janvier ou début février que la SNCF débloque les places « groupes » et que nous pouvons faire nos demandes.

 

Un peu comme dans l’aérien ou dans l’hôtellerie, chaque train voit son nombre total de places décomposé en différents tarifs : par exemple 30 places au tarif BO (avantageux car -40%), 100 places au tarif BM entre -30% et plein tarif, etc. Evidemment, plus la SNCF anticipe qu’un train sera complet, moins il y a de places à tarif réduit. Ainsi, pour les séjours de février au ski pour la zone C (celle de Paris), nous payons presque systématiquement le plein tarif pour tous les billets (soit environ 200 € aller retour pour les + de 12 ans).

 

Nous estimons que les organisateurs de colonies de vacances bénéficient d’une réduction moyenne d’un peu moins de 30%. C’est déjà bien, mais une famille avec 3 enfants a un meilleur tarif. Année après année, la SNCF a durci ses conditions vis-à-vis des groupes ; nous connaissons de nombreux confrères, excédés, qui ont renoncé au train pour adopter le transport en car.

 

Poste Amadeus de Cédric JavaultUne gestion complexe

Quand la SNCF ouvre les places, Yohan (en photo) fait ses demandes sur un logiciel dédié appelé Amadeus. Il indique les jours de départ et de retour, les trajets souhaités, l’effectif envisagé, et fait des vœux sur les horaires des trains. Dans les jours ou semaines qui suivent, le service groupe de la SNCF lui fait un retour. Par exemple, nous avions demandé Paris Bordeaux à 9h22, ce sera le 10h44 avec 30 places à -30% et les autres places plein tarif.

 

Une fois un dossier accepté, les règles de gestion en après-vente sont très contraignantes. A J-90, nous devons donner l’effectif final. Toute place qui sera ensuite retirée va nous coûter 20% du tarif à J-90, puis 30% à J-30. A 7 jours du départ, cela devient 100% : si un enfant annule moins de 7 jours avant le départ, nous perdons totalement le prix de son billet.

 

Calcul Mathétiques selon Cédric JavaultQui a dit que les maths ne servent à rien dans la vie ?

 A J-90 (soit le 14 avril dernier pour les départs de demain, 13 juillet), nous n’avions encore qu’un peu plus de 50% des inscriptions, et devions indiquer à la SNCF notre prévision de remplissage final.

 

Détail qui a beaucoup amusé l’équipe, j’ai appelé Olivier MOYNOT à l’aide pour m’aider à calculer, de manière statistique, combien il fallait de places. Olivier, cofondateur de Telligo en 1993-1994, est aujourd’hui professeur de mathématiques en classe préparatoire. Il m’a (authentique !) envoyé 3 pages du style suivant… et nous avons fabriqué le « petit » logiciel ad hoc à partir de ses équations, de quelques explications complémentaires, et d'Excel.

 

 

 

Machine d'impression de Cedric JavaultPrêt pour le jour J

Depuis quelques années, nous nous sommes dotés d’une, puis de deux machines pour imprimer nous-mêmes les billets de train et éviter d’aller en chercher à chaque fois en gare. Cela fluidifie beaucoup le travail, surtout fin juin / début juillet où nous avons des dizaines de départs sur les mêmes journées.

 

Le chef de convoi de chaque séjour peut alors, quelques jours avant le départ, venir chercher son dossier : les fiches d’inscription des enfants, le fanion Telligo que vous voyez en gare,  et évidemment les billets de train aller et retour de son groupe.

 

 

 

Cédric JAVAULT

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